Si chacun convient avec Winston Churchill que la démocratie est le moins mauvais des systèmes, l’initiative dite « sur la spéculation » en illustre les limites.

Dans l’inconscient collectif, associer « spéculation » à « denrées alimentaires » équivaut à conjuguer de façon caricaturale la rapacité économique à la malnutrition endémique de certaines régions du globe. Et pourtant, les études scientifiques confirment que le prix des denrées alimentaires ne résulte pas de la spéculation sur le marché à terme, mais est fonction de l’offre et de la demande, l’offre étant elle-même tributaire de facteurs endogènes, telle la sécheresse.

En travestissant la réalité sous un intitulé trompeur, à forte composante émotionnelle, les initiants font courir à la prospérité économique un risque très réel. Notre tissu économique est déjà fragilisé par les incertitudes fiscales liées à RIE III, les écueils migratoires imputables au vote du 9 février 2014 et les aléas monétaires. Ne transformons pas ce triangle des Bermudes en un quadrilatère insoluble. Et ne jouons pas avec le feu en mettant en péril le premier secteur genevois en termes de contribution au PIB, dont il représente 22%.

Si le masochisme semble être un art consommé en démocratie, ainsi qu’en témoigne le train d’initiatives auquel le citoyen helvétique est confronté depuis quelque temps, gageons que cette même démocratie saura rejeter fermement l’initiative sur la spéculation. Non seulement l’assise de ce secteur déterminant en sera confirmée, mais celui-ci aura par la même occasion compris la nécessité de s’ouvrir au grand public et d’expliquer son fonctionnement.

Vincent Subilia

Texte paru sur le site de la CCIG.

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