Les données harmonisées de l’administration fédérale des finances, publiées le mois dernier, montrent que Genève reste le canton où la charge fiscale par habitant est la plus élevée. Ce que la CCIG soulignait dans sa brochure fiscale de 2016*[1] demeure donc parfaitement d’actualité ! En effet, l’exploitation du potentiel fiscal à Genève dépasse tous les autres cantons en ce qui concerne la fortune (47,9%) ou le bénéfice des entreprises (33,7%). Ce n’est que pour l’imposition ordinaire du revenu (27,2%) que Genève est devancée par six autres cantons.

En bref, les contribuables, personnes physiques et entreprises, ont de l’argent (c’est ce qu’on appelle le potentiel fiscal) et le canton les presse comme des citrons (le terme technique est « l’exploitation » fiscale : ce n’est pas nous qui l’inventons !).

Dans le même temps, les dépenses par habitant (investissements compris) s’élèvent à 23 000 francs à Genève contre 15 000 à Zurich, canton urbain densément peuplé, confronté aux mêmes types de défis que Genève en termes de logement, de transport ou d’éducation.

Plus préoccupant encore, le fait que les fortes dépenses des collectivités genevoises sont davantage liées au financement de nombreuses prestations, parfois difficilement compressibles, et au fonctionnement de l’administration, qu’à des investissements nécessaires pour l’avenir du canton.

Certes, la dette de l’Etat a diminué sensiblement depuis 2014 et des investissements en infrastructures conséquents ont été réalisés, et nous le saluons. Mais qu’on le veuille ou non, la compétitivité de la Suisse et de Genève sont sans cesse remises en question par la conjoncture internationale. Les principes de saine gestion de l’argent du ménage, que chacun applique, doivent aussi avoir cours dans le ménage étatique. Il ne s’agit pas d’exiger à tout va des diminutions linéaires des dépenses. Mais de veiller à ce que chaque franc dépensé le soit de manière efficace. Le canton a beau être riche, la politique de l’arrosoir n’est pas acceptable.

La fiscalité a toujours été au cœur des préoccupations de la CCIG, qui a publié sa première brochure fiscale en 1991, sous la présidence d’Ivan Pictet. Nous entendons continuer de garder un œil vigilant sur les finances publiques. Car plus elles sont saines, plus le canton dispose d’un levier appréciable pour piloter son avenir. Or, à Genève, cette marge de manœuvre demeure trop faible.

[1] CCIG, Finances publiques et fiscalité : des enjeux,  majeurs pour l’avenir  de Genève, octobre 2016, https://www.ccig.ch/publications-FR/2016/10/8e-brochure-fiscale