Avec le refus de la suppression de l’impôt anticipé sur les intérêts d’obligations suisses, la Suisse s’empêche donc de rapatrier une partie de l’activité liée au marché des obligations. Ce marché s’est pourtant développé au Luxembourg, pays qui ne connaît pas d’impôt anticipé, tandis que la Suisse non seulement prélève encore cet impôt mais celui-ci est, de surcroît, le plus élevé au monde.
Il est vrai que le sujet était relativement technique et les mécanismes vraisemblablement peu clairs pour une partie des votants, comme c’est souvent le cas avec les sujets fiscaux. Néanmoins, on voit surtout que, dès qu’il s’agit de fiscalité, un large pan de la population part immédiatement du principe qu’il s’agit de « faire des cadeaux aux riches », pour reprendre une des formules dont la gauche use et abuse. Et le résultat se constate dans les urnes. En début d’année déjà, le peuple avait refusé de supprimer le droit de timbre. Maigre consolation, le non l’a, cette fois, emporté à une plus faible majorité.
Facteur aggravant, il devient de plus en plus difficile, pour ne pas dire impossible, d’avoir un dialogue sensé et intelligible avec les opposants, du moins sur les réseaux sociaux, là où se déroulent désormais en (grande) partie les campagnes de votation. Les affirmations erronées, quand ce ne sont pas des invectives, tiennent lieu de raisonnement. Cela en devient presque effrayant quand on sait que notre prospérité ne tient finalement qu’à quelques fils qui, ainsi que nous le montre l’actualité depuis plus de deux ans, peuvent lâcher contre toute attente. Interruption des activités pour cause de pandémie, guerre en Europe, spectre de pénurie d’électricité sont autant de thèmes dont le score de probabilité était au plus bas dans la plupart des tableaux d’analyse de risque.
La fiscalité, des entreprises et des personnes, est pourtant un sujet d’une importance capitale, tant il est vrai que, pour pouvoir être redistribué, l’argent doit tout d’abord entrer dans les caisses de l’Etat. Au plan fédéral, la réforme de la fiscalité des entreprises, voulue par l’OCDE qui prévoit une imposition minimale du bénéfice à 15%, doit être une priorité. En effet, bien que cette réforme n’envisage une augmentation d’impôt que pour une poignée d’entreprises au chiffre d’affaires élevé, la Suisse se doit de l’accepter afin de conserver la substance économique dans le pays.
Au plan cantonal, les sujets fiscaux touchant les entrepreneurs ne manquent pas non plus. La prochaine occasion d’en discuter sera d’ailleurs le 12 octobre prochain, dans le cadre d’un événement conjoint CCIG – Harsch avec la conseillère d’Etat en charge des finances, Nathalie Fontanet.
Commentaires récents