Rien n’est, à Genève, si passionné que le débat sur le budget de l’Etat. Et pourtant, c’est un domaine qui demande sang-froid et rigueur, à mille lieues des discours idéologiques dont tous les partis politiques sont friands. Piogre, comme on l’appelle amicalement, n’aura donc pas de budget en 2022. D’aucuns en rejettent la responsabilité sur un Conseil d’Etat, désormais à majorité de gauche, qui empile les dépenses, notamment en demandant la création de plus de 300 postes. Mais aussi en présentant un budget déficitaire de quelque 846 millions de francs, auquel on peut éventuellement retrancher 600 millions de recettes fiscales extraordinaires prévues. Pour une majorité du Grand Conseil, cela aura été la goutte de trop.

Pour la CCIG, ce n’est pas le déficit en tant que tel qui pose problème – et surtout pas en période de pandémie – : c’est le refus d’appréhender le budget de l’Etat en termes d’efficience. Appliqué au canton, ce mot est considéré par certains comme une obscénité. Et pourtant, les entreprises ne passent pas un jour sans examiner si leurs dépenses ou leurs prévisions de dépenses sont en cohérence avec leur mission et avec leurs moyens.

S’agissant de la création de nouveaux postes, il faut se rappeler qu’il ne s’agit pas de dépenses ponctuelles, mais de dépenses de long terme, structurelles, qui affectent également la caisse de pension du personnel de l’Etat, elle qui vient d’être recapitalisée pour quelque 4 milliards.

Les années fastes auraient dû être mises à profit pour procéder à un examen en profondeur des structures de l’Etat. Cela n’a pas été fait. La crise du Covid n’est pas une raison de s’en dispenser. Les entreprises, elles, ont bien été obligées de se remettre en question.

La CCIG le dit depuis longtemps : Genève connaît une crise des dépenses, pas des recettes. C’est pourquoi elle encourage la récolte de signatures pour l’initiative « Pour une gestion durable de la fonction publique ». Son objectif est que le canton applique une mesure de bon sens que les ménages genevois connaissent eux-mêmes très bien: ne pas dépenser plus que l’on ne gagne. Avec cette initiative, en cas de budget déficitaire, aucun nouveau poste ne pourra être créé, sauf en cas de réallocation interne, ce qui, avec 700 départs par année en moyenne, ne devrait pas être insurmontable.